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24 déc. 2009

IMPRESSIONS tunisiennes Mai 2006

Cette première nuit à l’hôtel Jericho de la rue Palestine à Tunis m’a fait goûter les délices des villes musulmanes avec l’appel du Muezzin à la prière dès 4 heures 15 du matin, suivi des cris incessants des coqs voisin, de l’aube jusqu’à sept heures du matin. Ce réveil matin inattendu m’a plongée à nouveau dans les romans de l’Egyptien Naguib Mahfouz dont je déguste la prose depuis trois ans. C’est dans la librairie « Au Bonheur d’occasion » à Montréal qu’en cherchant un livre usager de Amin Maalouf , j’ai découvert mon premier livre de Mahfouz. Dès les premières lignes j’ai été fascinée par le décor planté de la ville arabe, dans cette impasse du Caire et depuis je lis tous les livres de ce prix Nobel de littérature que je trouve au hasard de mes pérégrinations.


Sur le balcon de ma chambre dès huit du matin, j’ai découvert sous un couvercle brumeux une ville chaude et animée. Je suis descendue me glisser, enfin seule dans ce coin de pays où j’ai vu le jour, au milieu des employés des ministères voisins qui prenaient debout leur café sur le Cours de la Liberté. Certains me lançaient des œillades, d’autres m’ignoraient et moi j’observais. J’observais chaque porte, chaque corniche, la couleur des façades, la présence du fer forgé et l’état délabré des trottoirs. Tout le charme de ce pays réside, à mon avis, dans cette phase rare de proximité de la tradition et d’une modernité naissante. Ce pays exhale la transition, un moment où les téléphones portables et les paraboles hertziennes sont devenus indispensables dans un décor totalement antique par sa vétusté entretenue et dans une société qui a su libérer la femme du fardeau ancestral tout en entretenant un culture traditionnelle de chef de famille et de dîners entre hommes.


J’ai adoré me promener dans les rues de Tunis le matin, car j’ai pu y voir la vraie vie, celle qui n’est pas réservée aux touristes qui se dorent sur la plage et ne fréquentent que les lobbys d’hôtel et les piscines organisées par une armée d’animateurs standardisés. J’ai voulu échapper à cette ambiance factice ayant pour credo l’éternel Sea Sex and Sun. Je n’ai pas fait les tours habituels des lieux qu’il faut absolument visités et que tous les guides vous recommandent. J’avais la chance inouïe de me faire escorter par des amis résidents de Tunis et ainsi mon approche de cette ville et de ses environs a eu une toute autre dimension : je me sentais en pleine approche studieuse et sans a priori défavorable car voulant savourer chaque paysage tout en questionnant abondamment mes amis sur les raisons et le sens de ce que je découvrais. Ce voyage fut, j’en conviens, d’une richesse et d’une rareté inouïe.


Le soir de mon arrivée, j’avais découvert la modernité sur les Rives du Lac de Tunis où brillent de mille feux les constructions modernes des entreprises High Tech et des restaurants à la mode mais ce que j’ai le plus apprécié furent les soirs passés à La Goulette, ce port mythique dont mes parents m’avaient parlé dans mon enfance. Ce nom faisait écho en moi et le petit restaurant de poissons nommé La Victoire restera gravé longtemps dans ma mémoire.

J’ai apprécie chaque rencontre, chaque discussion sérieuse ou légère. Mes interlocuteurs ou interlocutrices, au-delà des mots me renseignaient sur leur vision du monde. Les maisons qui s’ouvraient pour moi me donnaient une bonne évaluation du chemin parcouru par les Tunisiens depuis l’Indépendance. Elles m’indiquaient aussi le statut dans lequel se situaient mes hôtes et je pouvais évaluer les différences importantes dans cette société. De toutes les maisons visitées, la plus modeste, la plus émouvante et la plus désirée est celle de ma naissance. J’y fus accueillie de façon exemplaire par trois femmes généreuses et visiblement heureuses de me voir, moi la petite fille du Français aux deux femmes qui vendit en 1959 à la mère de la propriétaire cette petite maison de plein pied.


Je fis le tour du village qui a perdu depuis longtemps son statut de banlieue rurale pour n’être plus que le site de l’usine Coca Cola et être devenu une banlieue périurbaine coincée entre une voie ferrée et une autoroute urbaine à 9 kilomètres de Tunis. Mégrine a accueilli des entreprises off shore et doit connaître des problèmes de pollution à cause des cimenteries qui longent l’autoroute. Le village, comme par le passé est divisé en deux, un côté huppé, Mégrine Côteaux et une partie modeste et ouvrière Mégrine Lescure renommée Ryad. Manel, une jeune femme dynamique et d’une saisissante beauté, m’ a expliquée qu’il y avait dans les cartons de l’urbanisme de Grands Travaux en prévision pour requalifier toute cette zone et la transformer dans une dizaine d’années en haut lieu touristique. En attendant mon grand ami Ibrahim, initiateur de mon voyage de « retour au bled » a monté une agence de voyages innovatrice Travel Academy et j’ai pu constater qu’elle était hyper active. Même si la concurrence touristique est effrénée. La Tunisie mérite le détour et la mondialisation commence à permettre à d’autres touristes plus lointains de venir découvrir la culture tunisienne en passant par la connaissance de son histoire fort riche puisque la Tunisie a été terre de passage et que les sites archéologiques abondent.
Je crois au potentiel de la Tunisie et j’espère que cette nouvelle clientèle saura comprendre les richesses culturelles de ce petit pays si accueillant.

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