Un blog fait pour toutes les femmes humanistes, ouvertes aux autres, aimant le partage et l’échange, sensibles à l’art et au patrimoine, férues de découvertes dans le temps et l’espace, qui cherchent à comprendre la culture et l'identité tunisiennes dans une pratique de tourisme responsable. Une autre manière de penser et vivre le voyage en s'engageant face à ses hôtes, une autre manière d’exister au travers d’un voyage, expression de son identité
31 déc. 2009
La Tunisie, terre de contrastes: le Désert
Le désert n'a point cette puissance monotone de la mer, ce grommellement absurde et fascinant d'un monde fluide. Vous n'y êtes point enfoui ou perdu. Plus vous avancez sur ces chemins qui disparaissent avec les heures et moins vous parvenez à en dessiner les lignes précises (...).
Comment y trouver sa Place? (...)Rien ne vaut le désert qui dépouille, épure. Il n'apprend rien et vide l'esprit en l’excitant (...).
Le désert fait cet effet, il retourne l'être. Il vous soumet à cette grande frustration élémentaire qui reste sans assouvissement, non parce qu’elle ne trouve point d'objet mais parce qu'aucune ne l'épuise. Qui supporte cela mérite d'entrer dans l'oasis qui est la concentration de tous les rêves de tous les désirs qu'inspire le désert"
Jean Duvignaud (1921-2007)
In Tunisie 1964,Tunis, éditions Kahia
Jean Duvignaud, grand spécialiste de Chebika, connaissait bien le désert et comprenait fort bien l'influence du désert sur les Occidentaux.
Ce n'est pas pour rien que la Tunisie a servi de décors à de nombreux films tournés par des cinéastes occidentaux comme Anthony Minghella pour le Patient anglais, Steven Spielberg pour les Aventuriers de l'Arche Perdue, ou encore Roman Polanski pour Pirates, mais aussi La vie de Brian des Monthy Python ou encore Fort Saganne
d'Alain Cormeau, d'après le roman haut en couleurs de Louis Gardel
Je vous convie à un tour du désert de Tozeur à Gabès, en passant par Ghafsa, en piquant jusqu'à Douz en traversant Kebili et le Chott El Jerid
Les femmes aussi sont amatrices de sensations fortes et certaines d¯entre elles rêvent de traverser le Désert en 4X4. On le sait que le rallye des gazelles a mis en évidence ces nouvelles femmes, as du volant et remarquables navigatrices. les Québécoises comme les Françaises sont de plus en plus portées sur ce type de randonnées mécaniques. Sur le site d'Hammam Ensa, en mars dernier j'ai découvert NADIA GAMMOUDI: 1ère femme arabe et africaine pilote de rallye 4x4. "Le palmarès de NADIA GAMMOUDI est important tant au niveau national qu’international. Elle est aujourd’hui la 1ère femme arabe et africaine pilote de rallye 4x4."
Le désert peut se vivre à pied dans des marches ou randonnées. Les amatrrices de Trekking doivent se réjouir, c'est aussi possible, mais cela se prépare car marcher 5 heures par jour dans le désert, cela n'est pas donné à tout le monde. et puis on peut tout simplement panacher, la marche, le chameau et même le 4X4 dans des voyages à la carte accompagnées par des guides du pays, bien entendu!
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30 déc. 2009
L'art du Bain à l'Oriental en Tunisie
Un hammam est constitué de trois salles. La première fait office de vestiaire où vous pouvez vous déshabiller et déposer vos effets. La douche à 35 °C est la première étape, elle évite le choc thermique.
seconde étape est très chaude : un bain de vapeur de dix minutes à 48 °C qui permet la sudation et une dilatation des pores de la peau. La détoxification commence et la peau est prête à recevoir l'application de savon noir à base d'huile d'olive et de laurier ou d'Eucalyptus très odorant. Utilisé depuis l’antiquité, ce savon permet de préparer le corps au gommage, réalisé avec un gant traditionnel un “kassa”, un gant de fibres à usage unique que la masseuse passe vigoureusement sur le corps et le visage pour débarrasser la peau de ses impuretés La peau devient alors lisse et satinée. Elle est ensuite enduite d’huiles essentielles qui lui redonnent jeunesse et vitalité.
Rejoignez la salle de repos, buvez plusieurs verres d’eau fraîche et restez allongée sur un transat une quinzaine de minutes. C’est le temps nécessaire pour passer de la relaxation à l’action.
Masque de beauté anti-rides:
Rincez à l’eau tiède puis à l’eau froide.
Information culturelle:
Dans un site marin privilégié, la thalassothérapie est l'utilisation combinée, sous surveillance médicale et dans un but préventif ou curatif, des bienfaits du milieu marin qui comprend : le climat marin, l'eau de mer, les boues marines, les algues, les sables et autres substances extraites de la mer.
Thermalisme
Utilisation à des fins thérapeutiques d′eaux minérales ainsi que des produits appelés dérivés : vapeurs d'eau minérale, gaz thermaux et boues. Au sens strict, une eau thermale est une eau de source chaude, mais en fait, on parle souvent indifféremment d'eau thermale ou d'eau minérale, que cette eau soit chaude ou non). N′est pas thermale ou minérale n′importe quelle eau ! Il faut que l′Etat, après consultation d′organismes médicaux, lui reconnaisse des vertus particulières
Action de soigner par les bains. Le terme de balnéothérapie est souvent employé afin de différencier l′utilisation de l′eau de source de l′eau de mer (thalassothérapie) ou de l′eau douce dont les vertus médicales sont reconnues (eaux thermales).
29 déc. 2009
Sur les routes du Sahel, une perle : l’Amphithéâtre d’El Jem
extrait de Voyage archéologique dans la Régence de Tunisie de V. Guérin 1862, Paris, Plon
2-Tunis en général comme le dit si bien Albert Memmi,"cinq cents pas de promenade et l'on change de civilisation",
3-Le Bleu de Sidi Bou Saïd et la carthage de Didon
4-La ville Sainte de Kairouan, celle d'Ibn Khaldoun,
5-Le Désert de Tozeur à Mededine, avec ses palmeraies, ses schotts et ses oasis, ses «Ksars et ses Ghôrfas,
6- Les Iles de Djerba et de Kerkenah
7-Le joyau de Dougga et ses monuments remarquables
8-El Jem, perle du Sahel
28 déc. 2009
Salade du bonheur à la Tunisienne: ma recette pour les fêtes
Comme nous les Femmes nous sommes plurielles...nous pouvons nous passionner pour plus d'un sujet, et il en est un qui nous tient souvent à coeur...faire plaisir autour d'une table. Lorsqu'on voyage, une manière de rencontrer la vraie culture, c'est de goûter à la cuisine locale et même, de plus en plus, d'apprendre à cuisiner avec nos hôtes...
Moi je vous offre une de mes recettes inspirées par tous des produits locaux et je vous assure: non seulement c'est savoureux, mais cela met une ambiance de bonheur simple et vrai en la dégustant!
Bon Appétit
Un petit chou-fleur
Quelques tomates -cerise jaunes et rouges
Une salade de poulpes
Une salade de moules
Des mini artichauts au vinaigre
Citrons marinés
Olive verte sicilienne
Olives noires
Huile d’olive
Citrons
Vinaigre de citron
Pour 4 convives
Premièrement au moins une heure avant de préférence la veille, faire cuire à la vapeur des petits bouquets de chou-fleur préalablement salés et citronnés, cependant ils doivent rester fermes. Une fois qu'ils sont cuits, les laisser refroidir …le mettre au réfrigérateur pour refroidir
Une demi-heure avant de manger
Dresser dans un saladier les choux fleurs
Ajouter une louche de votre salade de poulpe marinée
Ajouter une louche de salades de moules
Quelques tranches de citrons marinés
Rajouter QUELQUES OLIVES
Rajouter 8 petits artichauts salés
Arroser de 3 cuillères à soupe de vinaigre de citron additionné de 4 cuillères à soupe d’huile d’olive
Au dernier moment décorez avec les tomates cerise
Servez
Moi j’ai acheté chez le traiteur les salades de poulpe et de moules ainsi que les citrons et les artichauts ce qui en a fait une Salade express
Mais si vous avez du temps et une âme de cuisinière ….LIRE LES RECETTES ET A VOS FOURNEAUX
Préparation du poulpe au moins trois jours avant…
1. Laver et enlever les parties non comestibles (bec et yeux)
2. Séparer les tête des tentacules
3. Cuire 35 minutes le poulpe (départ eau froide) dans une casserole et ajouter lors de la première ébullition du gros, 1 citron coupé en deux et 1 feuille de laurier.
4. Retirer du feu et laisser refroidir dans son eau de cuisson. Coupez-le en biseau assaisonnez-le de sel et de poivre. Puis faites mariner le tout dans l'huile d'olive avec du romarin et de l'ail pendant 3 ou 4 jours.
Préparation de la salade de moules au moins une heure avant
• 500 ml de moules
• 60 ml d'huile d'olive
• 15 ml vinaigre au citron
• 15 ml de jus de citron
• 30 ml d'échalotes françaises émincées
• 45 ml de persil finement haché
• sel
• poivre au goût
Mélanger le tout et laisser reposer au froid au minimum 40 mn….
Pour le CITRON*une recette parmi d’autres au moins 10 jours avant
Préparation :
Faire tremper des citrons non traités dans une bassine d'eau froide durant 3 jours. Changez l'eau tous les jours.
Fendre les citrons en quartiers sans détacher le fruit et glissez 1/2 cuillère à café de gros sel dans chaque incision.
Placer les citrons dans un bocal. Verser 1 cuillère de gros sel et le jus d'un citron. Recouvrir d'eau bouillante. Fermer hermétiquement et laissez 10 jours dans un endroit sec et frais.
Pour les artichauts la meilleure recette au moins 8 jours avant
http://www.leconfitcestpas
La Tunisie, une palette de plaisirs: Sidi Bou Said notamment
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Un de ces plaisirs est la lumière et son usage pour tous les amateurs de photographie et de peinture.
Beaucoup de mes amies, comme moi, rêvent de pouvoir partir dans un lieu de rêves, calme et assez envoûtant pour être une source d'inspiration et de création. Lors de mon dernier voyage, j'ai déniché un petit coin bien connu mais trop vite visité qui est un lieu idéal, depuis bien plus de cent ans pour les peintres célèbres et anonymes, Sidi Bou Saïd.
Cette photo du photographe liègeois, Joseph Randaxhe, capte cette lumière si éblouissante de Sidi Bou Saïd.
Le Bleu de Sidi Bou Saïd inspire encore et toujours les peintres contemporains comme l'artiste peinte ANNE SLACIK qui du 10 fevrier au 15 avril 2007 expose près de chez moi en Yvelines à la Maison Elsa Triolet - Aragon Moulin de Villeneuve 78730 Saint-Arnoult-en-Yvelines Tel : 01.30.41.20.15 Fax : 01.30.41.43.92 E-mail : triolet-aragon@wanadoo.fr
Une des artistes peintre et sculpteure franco-tunisienne est Meriem Bouderbala qui a souvent exposé tant en France qu'en Tunisie et spécialement à Sidi Bou Saïd. C'est une grande connaisseuse de la peinture orientaliste et contemporaine occidentale comme orientale puisqu'elle a été Commissaire des Rencontres d'Art Contemporain de la Médina de Tunis 2003 et qu'elle vient d'être la Commissaire pour la partie tunisienne de l'exposiition "'.image révélée, de l'Orientalisme à l'Ert Contmporain" au Musée de Tunis en septembre dernier.
Le Baron Erlanger, admirateur de la Tunisie et grand mécène installé dans un palais qui a longtemps porté son nom, a créé dans ce village de Sidi Bou Saïd un lieu béni des muses et a fondé une tradition séculaire: Venir peindre à Sidi Bou Saïd en invitant ses amis à venir le visiter.
Bien sûr dans mon dernier voyage je suis allée me recueillir dans cette maison transformée en musée "Centre des Musiques Arabes et Méditerranéennes ", une institution placée sous la tutelle du Ministère de la Culture et de la Sauvegarde du Patrimoine. Dans ce lieu j'ai pu admiré l'intimité de ce grand mécène et amis des Arts. J'ai adoré me promener dans ses murs tamisés par ses peintures murales aux plafonds de stuc. et déambuler le long des corridors dont les murs sont couverts de l'oueuvre de l'artiste..
Ce village préservé a abrité le célèbre Paul Klee qui à la recherche de la lumière, s’est laissé ensorcelé par le charme de la Tunisie de 1914 et de ce village côtier de Sidi Bou Saïd, perché en haut d’une colline avec ses maisons blanches et bleues surplombant la mer d’azur.
Subjugué par tant de lumière, il transforme sa manière de peindre et passe del’expressionnisme vers l’art abstrait. Imbibé de ses souvenirs éclatants il peindra à son retour en Europe certaines de ses plus belles toiles.
Pour votre culture personnelle, sachez que les artistes tunisiens, s'affranchissant peu à peu des canons traditionnels leur interdiant toutes représentations figuratives, ont commencé à émerger dans les années 20-30. citons parmi eux Ali ben Salem et Moncef ben Amor, artistes mi-figuratifs, mi-abstraits, sans oublier Yaya Turki
C'est donc dans ce village enchanteur que je vous propose de me rejoindre pour un voyage d'initiation à la Lumière avec possibilité de suivre des cours de peintures et de photographie pendant l'instant d'un long week end de 4 nuits 5 jours en mai et en juin. Dans la prochaine note, un programme de base...A bientôt!
La source de Zaghouan: écotourisme pionnier note du 13.02.2008
24 déc. 2009
Didon; reine de Carthage, écrit mai 2007
« Va, rejoins l'Italie au gré des vents ; cherche ton royaume au-delà des mers. / Mais, si les dieux justes ont quelque pouvoir, tu connaîtras, je l'espère, / le fond des malheurs au milieu des écueils, et souvent tu évoqueras / le nom de Didon. Absente, je te poursuivrai de sombres feux / et, lorsque la froide mort aura séparé mes membres de mon âme, / je serai là, ombre partout présente. Tu seras châtié, cruel ! / Je l'apprendrai ; la nouvelle m'en parviendra chez les Mânes infernaux. » (Énéide, IV, 381-387, trad. A.-M. Boxus, BCS)
La Tunisie romaine a le mérite de mettre en valeur l'une des femmes les plus inouïes et les plus romantiques, selon nos critères occidentaux: elle se suicide par amour pour le bel Énée!
Ce drame de Didon et Énée, pour ceux et celles qui ont reçu une culture classique, vous le connaissez grâce à l'étude ou la lecture de Virgile, moi ma grande source d'inspiration c'est la musique et la peinture: Purcell et Rubens.
La Légende:
Lorsque Enée, prince troyen, atteint au cours de son périple, le sol africain, il est accueilli par Didon, Reine de Carthage.
Une grande passion naît entre Enée et la reine Didon. Trop rapidement, les Dieux de l'Olympe rappellent à Enée qu'il doit reprendre son voyage car il a un destin à réaliser : fonder'une grande ville, Rome.
Enée quitte la mort dans l'âme Carthage pour obéir aux Dieux.
Incapable de supporter cet abandon, Didon se donne la mort sur un bûcher, tout en se poignardant.
Cette Didon porte un autre nom, celui de Elissa, princesse de Tyr qui fut obligée de fuir sa ville en raison de la jalousie et de la cupidité de son frère Pygmalion. Elle aurait fui jusqu'aux côtes de l'Afrique et s'est installée avec ses fidèles dans un endroit qui respirait la Paix, sur la colline de Byrsa, près de Carthada, ou Karth haddash traduction de " ville nouvelle " en Phénicien, qui avait été fondée 4 siècles auparavant en - 1259 par ces mêmes Phéniciens.
Ce drame de l'amour tragique a inspiré bien des artistes et reste associé à l'éternelle passion amoureuse. Carthage reste une inspiration pour tous les écrivains et les amoureux de la femme éternelle. Un de mes amis tunisiens, grand voyageur et bloggeur a écrit une très belle page sur Didon alias Elissa:
"Persuadée d’être l’épouse légitime d’Enée, Didon crie vengeance en assistant au départ du Prince. Une seconde ruse germe dans sa tête. Anna est mise au secret et toute une tragédie se met en marche. A pas lents et saccadés...
Didon ordonne la construction d’un grand bûcher pour brûler les habits de l’impie dit-elle.
Les flammes sont hautes et rugissantes. La chaleur est étouffante ; sept marches de pierres taillées mènent au sommet du bûcher. L’épée à la main droite et les habits du lâche dans la main gauche elle gravie doucement les marches faisant fis des flammes qui lèchent dangereusement sa peau si blanche et si fine…
La foule demande à la souveraine de jeter bien vite les habits d’Enée au feu et de redescendre… Sans broncher ni plier elle arrive à la septième marche, fait face à ses sujets et de son bras musclé elle dégaine dangereusement la pointe de l’épée du Dardanien qui effleure sa poitrine…
Altière, elle est secouée par le bruit du silence et habillée par les yeux de la foule!Effarée, honteuse de son cruel destin, un éclat sanglant dans les yeux, les joues tremblantes et parsemées de taches, pâle d’une mort prochaine, Didon, jette, pose parterre, les vêtements de son amant.
Elle se jette soudain sur eux, sur cette couche familière et dit :
« Vêtements chers à mon cœur, tant que le destin et les Dieux le permettent, recevez mon âme et délivrez-moi de mes tourments, j’ai fini de vivre et j’ai accompli la course que le destin m’a accordée. Maintenant c’est une grande ombre qui va aller sous terre. J’ai bâti une ville magnifique,Carthage, j’ai vu mes remparts, j’ai vengé mon mari et puni mon frère meurtrier. Je serai encore plus heureuse, si heureuse, si les vaisseaux dardaniens n’avaient pas touché les côtes de Carthage. »
Le geste suit la parole. L’épée transperce ce corps voluptueux que les flammes embraseront à la seconde…
Là-haut dans le ciel une autre reine est déjà au courant de l’arrivée de Didon. Cléopâtre l’Egyptienne qui partit avec ses deux confidentes par la morsure volontaire d’une vipère, pour fuir également la lâcheté d’un homme, César. Elle qui aima ensuite Antoine aura régné sur la Méditerranée orientale laissant la partie occidentale à Didon.
Les deux belles reines, indirectement victimes de Rome, se retrouveront sûrement et auront plus d’une vie pour parler des hommes et leur destin de femmes" R.T. dit El Greco
En attendant, de nos jours, Elissa comme Didon inspirent les femmes tunisiennes:
Extrait de "Carthage, sa trace, son écho", Leïla Ladjimi Sebaï, grande spécialiste de l'Afrique proconsulaire et des femmes dans ce temps pariculier:
Si l'histoire d'une nation est dominée par les légendes qui s'y rattachent, celle de la Tunisie est liée au destin d'Elissa. Elle fut la fondatrice d'une ville et surtout d'un empire qui allait, pendant de nombreux siècles, dominer tout le monde méditerranéen. Son nom et celui de Carthage sont si étroitement liés que la légende s'en est emparée.
Ce destin exceptionnel a durablement impressionné historiens, écrivains et poètes. Celle que les premiers Africains appelaient Didon (l'errante) fut l'héroïne de l'Enéide. De Virgile, le plus grand poète de l'Antiquité romaine, jusqu'à Léopold Sedar Senghor, l'histoire de Carthage, immense et tragique, associée au destin d'une femme exceptionnelle, ne cesse de susciter les interrogations et de déclencher les passions."
Et en 2004 le nom d'Élissa a inspiré une belle initiative pour la paix, La route d'Elissa, course féminine à la voile en Méditerranée. Lors de la deuxième édition qui a eu lieu l'an dernier, avec pour départ le port de Sidi Bou Saïd (Tunis) le 13 août 2006, le Liban était à feu et à sang et ce fut l'occasion pour le Mr. Shashi Tharoor, Secrétaire général adjoint des Nations Unies de prononcer ce beau texte:
"L’actualité récente au Proche-Orient et particulièrement au Liban, ne permet pas à La Route d’Elissa de se dérouler comme prévu. Trois mille ans plus tard, la guerre et la destruction rendent le retour symbolique d’Elissa chez elle encore impossible.
Nous aurions pu choisir la facilité et trouver une autre destination ou même simplement ajourner La Route d’Elissa. Mais comment se détourner du pays natal d’Elissa et l’abandonner ainsi à son triste sort. Comment trahir l’âme de cette course qui, au-delà de son caractère sportif, a pour spécificité de s’ancrer sur des valeurs fortes : paix, partage, solidarité, développement… celles-là même qui sont aujourd’hui, plus que jamais, en péril.
La Route d’Elissa partira donc bien de Carthage le 13 août 2006. Un lieu, une date dont la symbolique est d’autant plus forte et importante aujourd’hui.
Parce que Carthage, qui fut conquise pacifiquement par la Reine Elissa-Didon, a été et demeure une ville d’échanges et de coexistence, entre les peuples, les religions, les cultures et que sa vocation, aux carrefours de la Méditerranée, en fait une ville symbole de partage et de paix.
Le 13 août, parce que c’est la journée nationale de la femme tunisienne qui fête cette année son cinquantenaire, pour mieux rappeler le rôle que les femmes, depuis Didon jusqu’à nos jours, ont à jouer en faveur de la paix, du dialogue et de la prospérité.
Les « filles d’Elissa » s’élanceront donc de Carthage, non pour aborder vers les rivages encore troublés de son pays natal, mais pour reprendre comme un flambeau son message de paix et le porter, à travers la mer, aux quatre coins de la Méditerranée. Ainsi, chaque bateau se dirigera vers un grand port du pourtour méditerranéen, en Espagne, en France, à Monaco, en Italie...." Lire la suite
La prochaine course aura lieu en 2008, nous vous y convions.
Dans l'immédiat et plus prosaïquement, nous vous invitons à visiter le site d'artisanat tunisien de Mégrine: Didon
IMPRESSIONS tunisiennes Mai 2006
Sur le balcon de ma chambre dès huit du matin, j’ai découvert sous un couvercle brumeux une ville chaude et animée. Je suis descendue me glisser, enfin seule dans ce coin de pays où j’ai vu le jour, au milieu des employés des ministères voisins qui prenaient debout leur café sur le Cours de la Liberté. Certains me lançaient des œillades, d’autres m’ignoraient et moi j’observais. J’observais chaque porte, chaque corniche, la couleur des façades, la présence du fer forgé et l’état délabré des trottoirs. Tout le charme de ce pays réside, à mon avis, dans cette phase rare de proximité de la tradition et d’une modernité naissante. Ce pays exhale la transition, un moment où les téléphones portables et les paraboles hertziennes sont devenus indispensables dans un décor totalement antique par sa vétusté entretenue et dans une société qui a su libérer la femme du fardeau ancestral tout en entretenant un culture traditionnelle de chef de famille et de dîners entre hommes.
J’ai adoré me promener dans les rues de Tunis le matin, car j’ai pu y voir la vraie vie, celle qui n’est pas réservée aux touristes qui se dorent sur la plage et ne fréquentent que les lobbys d’hôtel et les piscines organisées par une armée d’animateurs standardisés. J’ai voulu échapper à cette ambiance factice ayant pour credo l’éternel Sea Sex and Sun. Je n’ai pas fait les tours habituels des lieux qu’il faut absolument visités et que tous les guides vous recommandent. J’avais la chance inouïe de me faire escorter par des amis résidents de Tunis et ainsi mon approche de cette ville et de ses environs a eu une toute autre dimension : je me sentais en pleine approche studieuse et sans a priori défavorable car voulant savourer chaque paysage tout en questionnant abondamment mes amis sur les raisons et le sens de ce que je découvrais. Ce voyage fut, j’en conviens, d’une richesse et d’une rareté inouïe.
Le soir de mon arrivée, j’avais découvert la modernité sur les Rives du Lac de Tunis où brillent de mille feux les constructions modernes des entreprises High Tech et des restaurants à la mode mais ce que j’ai le plus apprécié furent les soirs passés à La Goulette, ce port mythique dont mes parents m’avaient parlé dans mon enfance. Ce nom faisait écho en moi et le petit restaurant de poissons nommé La Victoire restera gravé longtemps dans ma mémoire.
J’ai apprécie chaque rencontre, chaque discussion sérieuse ou légère. Mes interlocuteurs ou interlocutrices, au-delà des mots me renseignaient sur leur vision du monde. Les maisons qui s’ouvraient pour moi me donnaient une bonne évaluation du chemin parcouru par les Tunisiens depuis l’Indépendance. Elles m’indiquaient aussi le statut dans lequel se situaient mes hôtes et je pouvais évaluer les différences importantes dans cette société. De toutes les maisons visitées, la plus modeste, la plus émouvante et la plus désirée est celle de ma naissance. J’y fus accueillie de façon exemplaire par trois femmes généreuses et visiblement heureuses de me voir, moi la petite fille du Français aux deux femmes qui vendit en 1959 à la mère de la propriétaire cette petite maison de plein pied.
Je fis le tour du village qui a perdu depuis longtemps son statut de banlieue rurale pour n’être plus que le site de l’usine Coca Cola et être devenu une banlieue périurbaine coincée entre une voie ferrée et une autoroute urbaine à 9 kilomètres de Tunis. Mégrine a accueilli des entreprises off shore et doit connaître des problèmes de pollution à cause des cimenteries qui longent l’autoroute. Le village, comme par le passé est divisé en deux, un côté huppé, Mégrine Côteaux et une partie modeste et ouvrière Mégrine Lescure renommée Ryad. Manel, une jeune femme dynamique et d’une saisissante beauté, m’ a expliquée qu’il y avait dans les cartons de l’urbanisme de Grands Travaux en prévision pour requalifier toute cette zone et la transformer dans une dizaine d’années en haut lieu touristique. En attendant mon grand ami Ibrahim, initiateur de mon voyage de « retour au bled » a monté une agence de voyages innovatrice Travel Academy et j’ai pu constater qu’elle était hyper active. Même si la concurrence touristique est effrénée. La Tunisie mérite le détour et la mondialisation commence à permettre à d’autres touristes plus lointains de venir découvrir la culture tunisienne en passant par la connaissance de son histoire fort riche puisque la Tunisie a été terre de passage et que les sites archéologiques abondent.
Je crois au potentiel de la Tunisie et j’espère que cette nouvelle clientèle saura comprendre les richesses culturelles de ce petit pays si accueillant.
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